dimanche 15 octobre 2017

Mon corps de femme.



Illustration : Luis Royo


Je réfléchissais à un article : mon panthéon, puis juste aborder ma Lilith… Mais, en faite là, ça m'échappe, je me noie dans ma colère, dans ma frustration, ma soif de justice et reconnaissance pour la femme que je suis. Et puis, il y a l'actualité, les débats autour de ces actualités et les commentaires autour de ces débats… et le besoin de me lâcher. D'autres l'on fait, je ne le fais pas pour faire pareil, mais juste parce que c'est un besoin, qu'il « faut que ça sorte », pourquoi toute en même temps ?? Parce que j'ai l'impression qu'une digue à céder et que c'est une vague immense et puissance qui est en train de nous submerger toute !


Tant de choses, tant de paroles et d'actes. Tant de débats, tant de questions, tant de suppositions… Mais toujours venant d'hommes qui parlent entre eux, nous disent à notre place ce que nous sommes, nous fond subir leurs erreurs à notre sujet tel Freud et son mépris du clitoris. Tient, d'ailleurs, clitoris. Un gros mot qui fait naître encore plus de débat… Est-ce-que les mots, pénis, phallus ou bourse font autant de débat ?? Est-ce qu'on voit des femmes, philosophes, politiciennes, doctoresses, voir prêtresses s'assoir entres-elles pour parler à la place des hommes de leur panne, rupture de frein ou la taille et l'épaisseur de leurs barbes. Est-ce qu'on voit des femmes intellectuelles se réunir pour débattre des poils pubiens masculins à travers l'histoire à l'image de ce cher Pan évoluant en diable. (y aurait matière.. après tout il y a bien ce genre de choses sur la Vénus du Paléolithique, par rapport à notre vision actuelle). 

Vous parlez du mystère de nos corps, mais en fait il n'y a pas de mystère. Il est comme le vôtre : une enveloppe de chaire, de sang abritant notre âme et notre esprit. Comme le vôtre il a besoin de jouissances charnelles, gastronomiques, musicales. Comme le vôtre, il a le droit et surtout le besoin au respect… et quand je parle du respect du corps, je ne parle pas du pourcentage de chaire montrer (qui change selon les cultures, époques et même individu), quand je dis respect de son corps je ne parle pas non plus, du fait de l'utiliser le moins possible. Je parle de respecter sa sensibilité, ses limites et ses besoins physiques, ne pas l'obliger à subir ce que d'autres voudrez lui faire faire, ne pas céder aux injonctions des autres pour leur faire plaisir alors que votre corps refuse ou au contraire réclame. C'est ça pour moi, se respecter.

Pourtant, c'est ce que notre culture nous ordonne de faire « ne pas écouter notre corps, aller au-delà et accepter de le torturer pour le plaisir d'autrui afin de réussir », mais réussir quoi ? Voilà ce à quoi nous sommes éduqué dès l'enfance. Oh je vous arrête, je ne parle pas de performances sportives qui sont quelques choses que l'on fait volontairement, qui nous fait du bien. Je parle de toutes ces injonctions « souffrir pour être belle », « attention à ta musculature, trop c'est moche », « épile-toi ». Après tout, avons-nous déjà vue Elise Lucet, invitant Marina Carrère et Roselin Bachelot pour parler de la calvitie masculine ?? Ce qui est paradoxale avec ça, c'est que peut importe qu'on soit ou non dans la norme. Nous sommes le mal. Soit nous sommes « moche » et nous devrions faire des efforts soit nous sommes « belle », mais faudra pas qu'on se plaigne si ça nous attire des ennuis. 

D'ailleurs en parlant de s'attirer des ennuie sur notre physique. C'est quand même dingue la mémoire courte des hommes et de certaines femmes. Ah chaque fois qu'une histoire d'agression ce fait on reproche à la victime son manque de réaction (Tétanisation ça parle à personne bien-sûr), puis on lui reproche son silence (en même tant, comment voulait vous qu'elle parle, si elle sait qu'on va lui dire que « oui, mais tu es un peu responsable ?)



Sans parler encore et toujours de cette honte sur nos corps. Je reviens sur le témoignage de l'actrice Florence Darel qui parlait de l'accusation d'être séduisante. On a des seins et des fesses, oui et alors ? Nos seins sont avant tout pour l'éventualité de notre maternité, nos fesses sont juste ce qui relie le dos à nos jambes, qui nous permettent de ne pas avoir d'escarre quand on s'assoit plusieurs heures. Rien de sexuel à la base quoi. Et puis c'est quoi cet autre argument "oui, mais vous les montrez, ce n'est pas pour rien " Non, mais vous pensez que l'on s'habille uniquement pour le regard des hommes, que l'on a que ça en tête ? Et l'envie de sentir les éléments naturels sur nous, ça ne parle à personne ? Le soleil, le vent directement sur la peau et quand bien même ! Juste l'envie de s'habiller de telle ou telle façon, juste parce qu'on à envie, qu'on aime, qu'on se sent bien dedans. Encore une fois, est-ce qu'on voit des femmes de diverses professions (on va dire flics là) débattent sur le côté provocant d'une chemise homme qui nous donnerait envie de la déboutonner ou d'un pantalon qui moule bien les fesses d'hommes nous donnant l'envie d'y mettre la main ? (non, mais nous aussi, nous avons des hormones, hein).


Et vous savez quoi, bas tous ces diktats, toutes ces injonctions, toutes ces culpabilisations, m'emmerdent, nous emmerde. Aujourd'hui j'ai envie de le dire. Je suis une femme, physiquement et mentalement une femme, vous faites tout pour que je subisse la honte que vous infligez à mon sexe et me sente faible. Mais vos apriori je les emmerde. Je ressens les moindres parcelles de mon corps, la moindre particularité, jusqu'au chatouillement d'une blessure cicatriser de mon enfance. Je montre ma peau parce que je l'ai décidé (ou que je crève de chaud), je la cache parce que je l'ai décidé (où que j'ai trop froid).
J'aime le sexe et j'assume ma sexualité, je sais donc que pour les agressions à ce sujet, je ne serais pas défendue… Mais je ne dis pas que je ne me défendrais pas, une réaction physique peut permettre à mon agresseur d'avoir le toupet de porter plainte contre moi pour coup et blessure ?? Je commence à avoir une expérience dans la sorcellerie, je n'hésiterais pas à m'en servir. Je suis gourmande, j'aime le gras, le risotto et les ficelles Picarde, j'ai la chance de ne pas grossir, mais je dois tout de même subir les réflexions sur « fait attention quand même ».
J'aime le sport et j'ai toujours envie de faire bouffer mes baskets à toutes personnes qui me sort « non, mais fait gaffe à des mollets quand même »… sinon, je vis avec une rupture des ligaments croisés du genou, ça semble moins important pour les mêmes personnes.



Bref, je suis une femme et je ne suis pas une énigme, un être étrange à décortiquer. Je ne suis pas non plus un alibi montré quand on en a besoin. Je ne suis pas un faire-valoir pour cacher votre impuissance, je ne suis pas un leurre à utiliser pour changer de sujet. Mes agressions subit sont des agressions il n'y a pas de trie à faire selon la période politique, qui me l'a fait subir et son compte en banque. Je suis une personne faisant partie de la moitié de l'humanité et voulant être reconnu comme partie intégrante de cette humanité. Ni plus, ni moins… Juste humaine

Illustration : Victoria Francés

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