samedi 19 mai 2018

Arcane XIII







J’ai envie de vous parler de la lame dont on ne doit pas prononcer le nom « L’arcane sans nom ».

Parce que ça fait des mois qu'elle revient à chaque tirage et jusqu'à la semaine dernière je ne comprenais pas pourquoi. Je me demandais toujours qu'est-ce que je devais laisser tomber pour avancer alors que je venais déjà d'avoir pas mal de changement dans ma vie : Passage de mon identité de célibattante (pas célibataire, mais bien célibattante, hein) à celle de la personne en couple ; fin définitives des études pour le monde professionnel (même si j'avais déjà un pied dedans) ; changement de décors point de vue appartement... Ma vie était déjà en train de se chambouler complètement lorsque l'Arcane XIII a commencé à sortir à répétition. Pensant que c'était le changement que je vivais déjà, je ne m'en suis pas préoccupée. Les choses se sont tassées, les habitudes se sont faites... mais mon arcane XIII revenait sans cesse. 

Et puis, il y a quelques jours, une grosse dispute entre mes parents et moi qui a fini en raccrochage aux nez m'a mis la puce à l'oreille. J'ignore si c'est volontaire de leurs part où non, mais les discutions avec mes parents c'est : On pose les questions, on te coupe la parole aux deuxièmes mots de ta réponse pour la finir à ta place... même si ce n'est pas ce que tu voulais dire. Ce qui fait, qu'en plusieurs années de ce genre de conversation... J'ai accumulé un certain nombre de non-dit. J'avoue avoir déjà tenté de crever l'abcès, mais toujours incapable d'aller au-delà des premiers mots par leurs incapacités à écouter sans couper la parole. Et des années comme ça, cela en fait des choses sur les cœurs. J'ai donc décidé d'écrire tout ce que je voulais leur dire (rancœurs, reproche, secouage de puces pour savoir si c'était conscient ou non et tout un tas de trucs pas classe, mais que j'avais besoin de sortir), puis j'ai enregistrée le fichier sans plus.... Nouveau tirage, encore cette fichu arcane, je comprends le message, mais j'hésite... et sur un coup de tête, je leurs envoie ce que j'ai écrit. Si je n'aie pas encore eu de réponse à l'heure où je publie, je peux en revanche vous dire qu'avoir tout lâché et savoir qu'ils ont accès à tout ce que je retiens depuis des années me donne un sentiment de soulagement auquel je ne m'attendais pas (j'avais peur de culpabiliser). Maintenant, c'est à eux de décider de le lire ou non et quoi en faire (ça va peut-être prendre du temps).

Changement brusque dans la vie, mais pas que....

Pour un novice ou une personne qui ne s'est jamais réellement intéressé au Tarot, cette carte est d'office annonciatrice de mort, de maladie ou toutes autres choses négatives sans nuance positives. La symbolique de cette lame est puissante, à la fois dans la présence du squelette (ou plutôt corps décharné), de la faux que dans le nombre de cette arcane, ainsi que dans son appellation « sans nom » qui est à elle seule la preuve de la puissance de son impact. Il nous faut donc rassurer le consultant sur les nuances possibles que peuvent comporter cette lame avant de rentrer dans le vif du sujet.

La plupart du temps lorsque nous voyons cette carte dans un tirage, nous savons qu'il y a énorme changement à faire dans la vie, un changement difficile mais pour aller vers quelques choses de mieux. L'arcane sans nom nous pousse à nous sortir les doigts du c... heu... à sortir de notre zone de confort pour aller de l'avant. Cela peut-être : une séparation amoureuse ou amicale, des adieux de personnes qu'on estimait (qu'on estime peut-être toujours), mais qui ne nous apporte plus rien pour avancer ; un changement de voie professionnelle quand bien même le boulot d'origine serait bien payant pour des missions avec lesquels nous sommes à l'aise, mais qui ne nous épanoui plus autant qu'avant ; un déménagement le fait de quitter un lieu connu donc réconfortant pour partir vers l'inconnu inquiétant ou toutes ses choses en même temps.

Son arrivée dans un tirage peut aussi avoir unz signification « bateau », mais tout aussi réel comme un deuil, une maladie, un accident (quoique à mon sens ce sont des événements qui ont tendance à faire partir des changements qui s'opèrent chez une personne de façon dramatique, mais pas totalement négative... un deuil renforce une fois accepté, les maladies et les accidents nous font changer bien des choses dans nos vies, sans que ce soit un mal une fois sortie de cette épreuve).



Toutes ses significations sont une interprétation de la présence de la mort sur la carte : son squelette (ou plutôt son air décharné façon momie), le mouvement de la faux et sa démarche vers l'avant. Il y a pourtant une autre partie dans cette carte : le sol en bas alors, c'est vrai qu'on peut y voir ce qu'on laisse tomber pour avancer, mais il y a autre chose.... La faux n'est pas en l'air comme pour le travail des récoltes, mais au sol. On pourrait même penser qu'elle remue le sol. Ce sol qui est composé de chaire en putréfaction, un peu comme pour remonter toutes les immondices à la surface, un peu comme s'il y avait un besoin de faire remonter des cadavres tête couronner ou non pour régler un problème comme l'image du cailloux dans la marre ou du pavé dans la seine, mais avec les cadavres qu'on laisse dans le placard de nos âmes et qui devrait être épuré.

Au-delà des sacrifices à faire pour avancer, cette carte peut nous indiquer des choses à épurer de nous-mêmes : des colères longtemps refoulé, des non-dits que se soit les notre ou ceux qu'on sent chez nos proches qui nous bloquent en un beau bordel nous bouffant de l'intérieur de façon consciente ou non et qui faut extérioriser avant que ça nous détruise complètement. Il y a donc un côté purificateur à cette l'âme en plus de celui du changement. Même si dans une certaine mesure, le meilleur changement commence par soi-même et pas forcément de façon rose bonbon et paillette... Cette carte nous le signale, parce qu'on est d'accord pour dire : remuer une terre putride c'est comme remuer la merde, ça pue, ça nous prends au nez, à la gorge et aux tripes, ça nous pique les yeux jusqu'à faire couler des larmes à l'image de tout ce qu'on peut refouler comme colères, rancœurs, non-dits....mais parfois il faut le faire.

vendredi 16 mars 2018

dissocier l'artiste de l'homme





Le sujet de cet article n’a rien de païen, spirituel ou ésotérique, bref n’a rien avoir avec le thème de mon blog. Pourtant il mérite d’être évoqué, car il concerne notre vie de tous les jours, il peut éventuellement nous toucher et nous concerner en tant qu’auteur.e de texte si l’on considère qu’écrire est un art. Il nous concerne aussi dans le sens où chacun.e d’entre nous peut un jour avoir recours aux grands médias pour se faire connaître et devant un certain succès oublier ce qu’iel est avant tout.

Depuis toute petite j'écoute de tout, vraiment de tout. Je suis tellement variée question goût musical que je redoute la question « quelle est ta musique/ton groupe/ton chanteur préféré, car je suis incapable de répondre à cette question : de la musique traditionnelle, folk, dance, electro, rap, metal, rock.... De nombreux groupes de toutes nations ou des chanteurs.euses solos font partis de mes références culturelles. Qu'iels soient connu.es ou considéré.es comme Underground ; parmi tout ça.... Bertrand Cantat ancien chanteur du groupe des années 80/90 Noir désir une perle de rock français. Un certain nombre de ses morceaux font partis de ma vie ; l'épic « sombre héros de l'amer », les images tragiques du clip de « le vent nous emportera », celles qui questionnent sur ce que nous sommes de « Un jour en France » et tant d'autres que j'ai dans mon livre de chant de mes années colos.

Je n'ai jamais nié avoir chanté et écouté ses musiques ; je ne les aient jamais boycotté et ne me suis jamais autocensuré même lorsque j'étais dans le rôle d'animatrice en colonie auprès d'ados. Parce que je les dissocie de leurs auteurs, refusent de sanctionner un groupe entier à cause d'un seul homme et surtout parce que je les aiment ; elles m'émeuvent et me touchent comme de nombreuses autres chansons. De la même manière que j'ai toujours écouté Lucienne Delyle quand bien même j'ai fini par apprendre qu'elle était une maîtresse d'allemand durant l'occupation. Peu importe ce qui en tâche une personne, je ne vois pas l'intérêt de me priver de sa musique si elle m'émeut. D'ailleurs, on ne connait pas toujours les auteurs. Qui peut me dire le nom du gars qui écrit « Scarbourg fair » ? Personne ! Morceau anonyme, si ça se trouve c'était un serial killer dont le texte pourtant travers les siècles.

Un autre exemple avec des textes transcendant les siècles : Le morceau de musique traditionnelle « Helas Madame » qu'on apprend parfois encore aux enfants en tant que comptine. C'est un morceau où l'auteur suggère à sa bien aimée de devenir son servant (romantique, hein ?) et il semblerait que l'homme ayant écrit ce texte ne soit nul autre que le « bon » roi Henri VIII. Vous savez celui qui est connue pour le nombre de ses épouses. Si ce nom ne vous dit rien je vous propose de faire une recherche sur lui et les femmes dans votre moteur de recherche préféré, vous ne serez pas déçu sur ce qu'il y a à dire. Il y a même des films et des séries sur lui. Il a fait tuer quelques unes de ses femmes, surnommé aussi barbe bleue ça vous dit quelques choses ? (Toujours romantiques alors ?) Il aurait accessoirement aussi écris « Greenseelve » pour sa seconde épouse «Anne Boleynn » encore une chanson d'amour malheureuse. (Très jolie, qui reste dans la tête). Ce dire que certaines des plus belles chansons du patrimoine européen sont écrites par le roi qu'on surnomme Barbe bleue, ça surprend non ?

Bon vous trouvez peut-être que je m'éparpille, que je deviens brouillons à parler de choses qui sont très éloignées de l'affaire Cantat et pourtant.... Ça fait quelques temps que je lis dans la presse et que j'entends des discours, sur le fait qu'on lui demanderait de renoncer à son métier ce qui m'interpelle. Vous croyez que c'est vraiment ça le problème avec Bertrand Cantat : qu'on l'empêche de chanter ? Le fait que le bourreau se comporte en victime ça ne vous dérange pas ? Pourtant, je n'ai jamais vu un de ses détracteurs dire qu'il n'avait pas de talent, dire que sa voix avait aussi mal vieillit que celle de Renaud. Je n'ai jamais entendu une personne dire qu'il ne devait pas rechanter ! Au contraire à sa sortie de prison beaucoup de gens (et moi-même) ne demandait qu'à le voir en concert... faisant la différence entre l'homme brutal et le chanteur irremplaçable.



Mais voilà que les choses s'emballe, la presse commence à en faire des tonnes, les adeptes du virilisme qui se sentent castré dès qu'une femme change une roue toute seule s'y mettent, le meurtrier en lui commence à se la jouer victime en ayant pour mémoire deux morts sur la conscience, la presse en rajoute encore une tonne et plus rien n'arrête ce cycle infernale..... Je n'ai rien contre les journalistes, ils font un métier qui n'est pas facile aux périls de leurs vies -du moins pour certains- mais il serait parfois bon qu'au lieu de se targuer de leurs potentiels héroïsmes, qu'ils réfléchissent un peu à ce qu'ils écrivent et à l'impact de leur écris. L'affaire de Bertrand Cantat est une démonstration de la bêtise de la presse qui préfère du trash facile qu'a faire réellement son boulot.

Comme dit précédemment le problème de Bertrand Cantat n'est pas son talent ni son métier ; le problème de Bertrand Cantat n'est pas non plus l'incapacité du public à écouter sa musique en étant conscient des DEUX morts que cet homme a sur la conscience ; le vrai problème c'est la mise en scène de tout ça. Le fait de le mettre en première page tous les deux mois pendant une semaine, le fait qu'il se fasse passer pour un romantique incompris et que les journalistes s'en rendent complice. Le problème de Bertrand Cantat c'est qu'il semble lui même incapable de dissocier son métier d'artiste à la couverture médiatique qu'il lui ait fait et de jouer les victimes alors qu'il est quand même responsable de deux morts. Il y a quelques choses de dérangeant et d'indécent dans cette altitude ; premièrement parce que nous sommes dans une période où l'on commence seulement à prendre aux sérieux les violences conjugale (en traînant des pieds pour certains, mais quand même) ; ensuite c'est une altitude que je trouve aussi indécente pour tous les artistes de talent qui vivent plus ou moins de leurs métiers SANS faire les premières pages de presses... ou même sans être médiatisé tout cours.

A-t-on déjà vue les grands journaux faire l'éloge de John Lang, créateur du « Donjon de Naheulbeuk », de "Survivor", leader du groupe "Naheulband" qui donne clairement beaucoup de sa vie pour son œuvre encore aujourd'hui, qui est relativement fort reconnus dans la culture geek ? Est-ce qu'on voit beaucoup d'articles parler de Mass Hystéria et de leurs prises de position sur les censures de concert au moment du plan vigipirate après le Bataclan - un groupe qui existe depuis 1993, accessoirement. Est-ce qu'on voit beaucoup de première page nationale pour la rappeuse Keny Arkana qui est une perle de la chanson française de ce début du XXIème siècle ? Je suis même presque sûre que pour beaucoup de lecteur, les noms que je cite vous sont inconnus alors qu'on parle de grands talents pour qui le métier et la passion d'artiste sont indissociables de leurs vies.


Quand on entendra parler d'eux, d'autres que je ne connais aussi souvent que l'on entend parler de Bertrand Cantat il pourra peut-être jouer les victimes. En attendant ceux qui confondent l'artiste et l'homme ne sont pas forcément ceux que la presse désigne... Car dissocier l'artiste de l'homme ce n'est pas seulement écouté ou regarder ses œuvres malgré tout, c'est aussi dissocié l'artiste du produit commerciale, c'est différencier métier en tant que tel et la comédie de publicité inutilement lassante autour de quelques uns, cachant la lumière de beaucoup d'autres. Et il serait temps qu'au lieu de geindre sur son sort de meurtrier et de culpabiliser le public pour une situation dont il est le seul responsable, que monsieur Cantat est la décence d'apprendre à dissocier tout cela et accepter de devoir s'effacer.