Illustration : Luis Royo
Je réfléchissais à un article : mon
panthéon, puis juste aborder ma Lilith… Mais, en
faite là, ça m'échappe, je me noie dans ma colère, dans ma frustration, ma
soif de justice et reconnaissance pour la femme que je suis. Et puis, il y a
l'actualité, les débats autour de ces actualités et les commentaires autour de
ces débats… et le besoin de me lâcher. D'autres l'on fait, je ne le fais pas
pour faire pareil, mais juste parce que c'est un besoin, qu'il « faut
que ça sorte », pourquoi toute en même temps ?? Parce que j'ai
l'impression qu'une digue à céder et que c'est une vague immense et puissance
qui est en train de nous submerger toute !
Tant de choses, tant de paroles et
d'actes. Tant de débats, tant de questions, tant de suppositions… Mais toujours
venant d'hommes qui parlent entre eux, nous disent à notre place ce que
nous sommes, nous fond subir leurs erreurs à notre sujet tel Freud et son
mépris du clitoris. Tient, d'ailleurs, clitoris. Un gros mot qui fait naître
encore plus de débat… Est-ce-que les mots, pénis, phallus ou bourse font autant
de débat ?? Est-ce qu'on voit des femmes, philosophes, politiciennes,
doctoresses, voir prêtresses s'assoir entres-elles pour parler à
la place des hommes de leur panne, rupture de frein ou la taille et l'épaisseur
de leurs barbes. Est-ce qu'on voit des femmes intellectuelles se réunir pour
débattre des poils pubiens masculins à travers l'histoire à l'image de ce cher
Pan évoluant en diable. (y aurait matière.. après tout il y a bien ce genre de
choses sur la Vénus du Paléolithique, par rapport à notre vision actuelle).
Vous parlez du mystère de nos corps, mais en fait il n'y a pas de mystère. Il
est comme le vôtre : une enveloppe de chaire, de sang abritant notre âme et
notre esprit. Comme le vôtre il a besoin de jouissances charnelles,
gastronomiques, musicales. Comme le vôtre, il a le droit et surtout
le besoin au respect… et quand je parle du respect du corps, je ne parle pas du
pourcentage de chaire montrer (qui change selon les cultures, époques
et même individu), quand je dis respect de son corps je ne parle
pas non plus, du fait de l'utiliser le moins possible. Je parle de
respecter sa sensibilité, ses limites et ses besoins physiques, ne pas l'obliger à subir ce
que d'autres voudrez lui faire faire, ne pas céder aux injonctions des autres
pour leur faire plaisir alors que votre corps refuse ou au contraire réclame.
C'est ça pour moi, se respecter.
Pourtant, c'est ce que notre culture nous
ordonne de faire « ne pas écouter notre corps, aller au-delà et accepter de le
torturer pour le plaisir d'autrui afin de réussir », mais réussir quoi ? Voilà
ce à quoi nous sommes éduqué dès l'enfance. Oh je vous arrête, je ne
parle pas de performances sportives qui sont quelques choses que l'on fait
volontairement, qui nous fait du bien. Je parle de toutes ces injonctions «
souffrir pour être belle », « attention à ta musculature, trop c'est
moche », « épile-toi ». Après tout, avons-nous déjà vue
Elise Lucet, invitant Marina Carrère et Roselin Bachelot pour
parler de la calvitie masculine ?? Ce qui est paradoxale avec ça, c'est
que peut importe qu'on soit ou non dans la norme. Nous sommes le mal. Soit nous
sommes « moche » et nous devrions faire des efforts soit nous sommes « belle »,
mais faudra pas qu'on se plaigne si ça nous attire des ennuis.
D'ailleurs en
parlant de s'attirer des ennuie sur notre physique. C'est quand même dingue la
mémoire courte des hommes et de certaines femmes. Ah chaque fois qu'une
histoire d'agression ce fait on reproche à la victime son manque de réaction
(Tétanisation ça parle à personne bien-sûr), puis on lui reproche son silence
(en même tant, comment voulait vous qu'elle parle, si elle sait qu'on va lui
dire que « oui, mais tu es un peu responsable ?)
Sans parler encore et toujours de cette
honte sur nos corps. Je reviens sur le témoignage de l'actrice
Florence Darel qui parlait de l'accusation d'être séduisante. On a
des seins et des fesses, oui et alors ? Nos seins sont avant tout pour
l'éventualité de notre maternité, nos fesses sont juste
ce qui relie le dos à nos jambes, qui nous permettent de ne pas
avoir d'escarre quand on s'assoit plusieurs heures. Rien de sexuel à la base
quoi. Et puis c'est quoi cet autre argument "oui, mais vous les montrez, ce
n'est pas pour rien " Non, mais vous pensez que l'on s'habille uniquement
pour le regard des hommes, que l'on a que ça en tête ? Et l'envie de
sentir les éléments naturels sur nous, ça ne parle à personne ? Le soleil, le
vent directement sur la peau et quand bien même ! Juste l'envie de
s'habiller de telle ou telle façon, juste parce qu'on à envie,
qu'on aime, qu'on se sent bien dedans. Encore une fois, est-ce qu'on voit des
femmes de diverses professions (on va dire flics là) débattent sur le côté
provocant d'une chemise homme qui nous donnerait envie de la déboutonner ou d'un
pantalon qui moule bien les fesses d'hommes nous donnant l'envie d'y mettre la main ?
(non, mais nous aussi, nous avons des hormones, hein).
Et vous savez quoi, bas tous ces diktats,
toutes ces injonctions, toutes ces culpabilisations, m'emmerdent, nous emmerde.
Aujourd'hui j'ai envie de le dire. Je suis une femme, physiquement et
mentalement une femme, vous faites tout pour que je subisse la honte que vous infligez à mon
sexe et me sente faible. Mais vos apriori je les emmerde. Je ressens les
moindres parcelles de mon corps, la moindre particularité, jusqu'au
chatouillement d'une blessure cicatriser de mon enfance. Je montre ma peau
parce que je l'ai décidé (ou que je crève de chaud), je la cache parce que je
l'ai décidé (où que j'ai trop froid).
J'aime le sexe et j'assume ma sexualité,
je sais donc que pour les agressions à ce sujet, je ne serais pas
défendue… Mais je ne dis pas que je ne me défendrais pas, une
réaction physique peut permettre à mon agresseur d'avoir le toupet de porter plainte
contre moi pour coup et blessure ?? Je commence à avoir une expérience
dans la sorcellerie, je n'hésiterais pas à m'en servir. Je suis gourmande,
j'aime le gras, le risotto et les ficelles Picarde, j'ai la chance
de ne pas grossir, mais je dois tout de même subir les réflexions sur «
fait attention quand même ».
J'aime le sport et j'ai toujours envie de
faire bouffer mes baskets à toutes personnes qui me sort « non, mais
fait gaffe à des mollets quand même »… sinon, je vis avec une rupture des
ligaments croisés du genou, ça semble moins important pour les mêmes personnes.
Bref, je suis une femme et je ne suis pas
une énigme, un être étrange à décortiquer. Je ne suis pas non plus un alibi
montré quand on en a besoin. Je ne suis pas un faire-valoir pour cacher votre
impuissance, je ne suis pas un leurre à utiliser pour changer de sujet. Mes
agressions subit sont des agressions il n'y a pas de trie à faire
selon la période politique, qui me l'a fait subir et son compte en banque.
Je suis une personne faisant partie de la moitié de l'humanité et voulant être
reconnu comme partie intégrante de cette humanité. Ni plus, ni
moins… Juste humaine
Illustration : Victoria Francés