Illustration : Anne Stoke.
Comme
beaucoup d'entre vous, j'ai été élevée dans le christianisme et à la
sacro-sainte valeur du pardon à donner à quiconque nous offense. Le message de
la trinité chrétienne est bien celui du pardon ainsi que de la
miséricorde (quoiqu'on pense de ses adeptes, je parle là juste du message de
Jésus qui s'est sacrifié pour le pardon). Si bien que lorsque je ne
parvenais pas à pardonner je culpabilisais là-dessus. Sans parler
qu'aujourd'hui dans beaucoup de fiction nous avons cet appel au pardon à la deuxième
chance d'une façon ou d'une autre. Charles Ingals demandait à Laura
d'être indulgente envers Nelly, Frodon Sacquet éprouve de la
compassion pour Gollum, Severus Rogue trouve la rédemption aux
yeux d'Albus Dumbledor pour son amour envers Lily et son
engagement à protéger Harry d'ailleurs au diable le fait de savoir si les
idées potentiellement raciale de Rogue son intacte ou que la mort de Lily à
vraiment changer quelques choses à ce sujet. (J'aime bien le personnage et sa
complexité, hein, je ne dis pas ça pour le dénigré lui, mais plutôt pour
pointer plutôt du doigt sur le fait que les dommages du cœur n'ont pas
forcément changé certaine idée).
Il y a aussi toutes ces citations news âge
tendance-ultra pacifique qui nous incitent aussi au pardon « pour aller de
l'avant ». Mais quand on y réfléchit: est-il nécessaire de pardonner pour aller de
l'avant ? Une personne qui nous fait du mal involontairement d'accord, pas de
problème. Mais pour ce qui est des personnes destructrices. Celles qui ont vu
en nous une « gentille personne à utiliser », sommes-nous vraiment
obligé de les pardonner ? Leurs refuser le pardon ne serait ce pas
plutôt un meilleur service à nous rendre à nous même ?
Il y a
aussi les personnes qui s'excusent par convention, parce qu'ils savent qu'ils
sont en tord sans vraiment regretter leur actes. Nous le savons, nous le
sentons, mais nous acceptons leurs excuses et leur donnons une deuxième chance
aussi par convention. Juste par convention sans aucune sincérité, mais
parce qu'on a grandi avec le fait que ce soit « bien » de le faire et « mal »
de ne pas le faire.
Attention
je ne prêche pas non plus la vengeance, je parle plutôt de chasser la personne
de notre vie, de ne pas lui donner cette sacré « deuxième chance ». Je parle de
ne pas perdre de temps avec une personne que l'on sent d'avance destructrice et
qui viendra s'excuser avec du miel dont on sait pertinemment qu'apparent.
ATTENTION RACONTAGE DE
VIE
Il y a
encore peu de temps (quelques semaines en fait), j'étais dans l'idée que le
pardon et de la deuxième chance était une bonne chose pour avancer. Mais depuis
quelques semaines, j'ai l'impression que cette deuxième chance peut-être une
perte de temps si la personne a une tendance à s'autodétruire et
détruire au passage les gens autour d'elle, la prendre en pitié alors qu'elle
t'entraine dans cette autodestruction n'est pas forcément une bonne chose.
Cela a
commencé il y a quelques mois: une de mes anciennes collègues avec laquelle je
m'étais liée nous avait appelée à l'aide– une autre ancienne collègue devenue
amie et moi-même – pour qu'on puisse la rassurer et éventuellement la
défendre, car son ancien petit ami se transformait en harceleur (Jusque
là aussi chiant que puisse être ce genre d'histoire rien anormal), lorsque tout
à coup il lui pris l'envie de faire quand même monter son ex chez elle
pour s'expliquer (encore un truc banal). C'est là que c'est devenu l'enfer pour
nous autres bonnes copines (ou bonnes poires) qui étaient venues la rassurer.Après
avoir complètement été mis de côté, nous avons subi le reproche de se mêler de
son couple (tient, ils sont ensemble maintenant), qu'on n'avait pas à empêcher
son copain de monter chez elle et qu'on ne pouvait pas parler, car on ne
connaissait pas l'histoire et (ça de façon assez peu diplomatique). Sitôt ses
propos sympathiques entendu, nous nous sommes levée pour prendre le premier
métro du matin (bon en fait nous avons attendu 1h dehors sur un banc) avec
comme idée de prendre nos distances avec cette personne.
Le lendemain coup de
téléphone au boulot, je ne décroche pas (Je n'ai pas envie de perdre du temps
avec elle), deuxième coup de téléphone à midi la deuxième copine m'appelle pour
dire que notre fauteuse de la vieille s'excuse sincèrement de son
comportement, qu'elle ne verra plus jamais ce garçon qu'elle regrette,
mais qu'elle avait pris des stupéfiants avant notre arrivée et n'était pas dans
son état. Mentalement, je me dis que ce n'est pas une excuse, qu'on n'a pas à
subir pour ses travers et autre, mais j'accepte qu'on se revoit le soir
après mes heures de taf sans rien promettre. On se voit, je remarque
qu'elle est dans un sale état, je reconnais avoir eu un peu pitié même si ce
n'est pas ça qui m'a mis dans la démarche du pardon. En fait c'est un SMS
envoyé discrètement par l'autre copine qui suggère que si on l'abandonne
elle plonge vraiment dans le mal.
Pour
le coup j'ai vraiment pensée que si je refusais le pardon, je faisais quelques
choses de mal. Alors, j'ai accepté ses excuses et on a recommencé à se voir.
Mais voilà, j'ai gardé cet épisode en mémoire me disant qu'elle était quand
même sur la sellette et j'ai bien fait. Elle a continué à avoir un comportement
assez paradoxal avec des discours parfois incohérent de façon plus légère et
moins agressive que ce soir -à. Ce qui me confortait dans ma méfiance, mais
comme elle ne me faisait rien de mal et qu'elle avait tendance à proposer
facilement des sorties agréables, je laissais passé. Et voilà qu'il y a
quelques jours, elle a recommencé à avoir un comportement incohérent et
agressif, cette fois avec mon copain. Qu'elle est une forme d'incohérence pour
ses histoires de cœurs à elle c'est une chose, mais qu'elle tente de
polluer la vie des autres en est une autre. De ce jour en revanche, je l'ai
complètement chassé de ma vie ce que la deuxième copine comprend.
Illustration : Victoria Francés
TRÊVE DE BLABLATAGE
Je vous ai racontée ça, pour une
raison bien précise. Si dès un premier méfait vous rechigniez à pardonner :
suivez votre instinct et pas le SMS ou le conseil de la pote. Nous
n'avons pas à culpabiliser pour le refus des excuses et pour ce qui est de la
vengeance je maintiens que je considère ça comme une perte de temps et une
démonstration d'attention que la personne ne mérite pas. Ceci dit, faite comme
vous le sentez, n'ayez pas peur d'un jugement quelconque, je n'ai pas le droit
de vous juger si vous décidez de rendre coup pour coup ce qu'on vous à fait.
N'ayez pas peur de passer pour une personne insensible en refusant le pardon,
parce que ce refus vient peut-être d'une sensibilité auto-protectrice, ça peut
paraître égoïsme comme ça. Mais si on laisse quelqu'un nous polluer ça
se répercute aussi sur la façon dont nous sommes avec notre entourage et que
nous rendre service à nous même, peut-être aussi un service rendu à
des tiers personnes. Encore une fois, je vais me répéter parce que je veux que
ce soit clair. Je ne parle pas de vengeance, on peut refuser le pardon sans
avoir ce besoin (ce qui est mon cas), maintenant si vous vous avez ce besoin,
je ne peux être juge à votre place sur vous-même, c'est à vous de prendre ce
genre de décision pour vous.
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